Arkaële Détourna les yeux de la voûte céleste et les posa sur Amertume. Fouiller, elle? Elle était curieuse, mais pas folle. Enfin, pas cette folie là. Jamais, ô grand jamais elle ne fouillerait chez quelqu'un. De plus, la mise en garde du jeune homme la fit légèrement frissonner. Elle le regarda se coucher, et s'en voulu un instant d'utiliser le lit. Mais bon, elle n'allait as encore le déranger, elle était sûre que même sa présence était un presque fardeau. Elle se ferait discrète, pour ne pas changer. Elle soupira doucement, et laissa son regard vagabonder sur l'extérieur. Au bout d'un moment, elle se retourna et se tint assise dans le lit, sans défaire la couverture. Elle se sentait gênée, et se contenta de serrer le blouson contre elle. C'était toujours dans ces moment là qu'elle n'arrivait pas à dormir, ses yeux restèrent grand ouverts dans la pénombre de la cabane, dans ce silence où elle n'entendait que la respiration du jeune homme.

Quand elle était partie comme ça, Arkaële pouvait rester des heures sans bouger, les yeux fixés toujours sur le même point, sans se rendre compte du temps qui passe. Parfois, elle préférait quand même ça à dormir, tss. Elle n'était plus vraiment consciente de ce qui se passait autour d'elle, dans ces moments là. C'était comme si sa conscience s'enfermait dans son esprit, comme si elle vivait ailleurs. Dans des souvenirs le plus souvent. Toujours les mêmes. Avec Lui. Toutefois, ses oreilles pointues perçurent un agitement dans le monde réel. Sa conscience reprit sa place, et la fée comprit que c'était Amertume. D'après le bruit qu'il faisait, il devait sûrement s'être réveillé. Elle décida de rester comme ça, pour le laisser tranquille. Elle l'entendit parler, et le fait qu'il s'adresse à elle lui fit tourner la tête, qu'elle pencha légèrement en regardant l'homme.

"-Non. Ca m'arrive souvent."

Elle attendit un instant.

"-Vous non plus, à ce que je vois."

Hmm, le pauvre. Arkaële ne pipa mot durant tout le temps qu'il prépara son café. Hmm, deux tasses? C'est à ce moment qu'il lui en proposa. Du café? Elle n'en avait jamais bu. Tout ce dont elle se souvenait, c'est que son père en raffolait. Elle cligna des yeux, et, avant de pouvoir répondre, le jeune homme était déjà dans l'air glacial de l'extérieur. La fée s'avança vers la table, où trônait une tasse pleine. Elle la saisit et jeta un regard vers la porte. Dilemme. Elle soupira doucement et passa la tête dans l'entre-bâillement de la porte. Brrr, il faisait vraiment froid dehors.

"-Vous... Vous n'êtes pas obligé d'aller dehors... Après ce que vous faites pour moi, je peux bien supporter... Ça."

Elle baissa rapidement les yeux vers la tasse qu'elle tenait entre ses deux mains. Après quelques secondes, elle se lança, et en but une gorgée. Ses yeux s'ouvrirent plus grand. Arf, ça avait un goût bien bizarre. Amer... Mais, ce n'était pas si mauvais.

Après l'expérience café, Arkaële releva la tête. Il lui sembla un instant que le jeune homme avait un faciès différent d'il y a un instant. Non, ça devait être l'obscurité qui lui jouait des tours. Elle rentra à l'intérieur et s'assit sur le lit, la tasse toujours entre les mains. Elle ne releva pas la tête lorsque Amertume ferma à clef, resta immobile. La fée ne tourna la tête que lorsqu'il lui posa une question. Elle haussa les sourcils. En voilà une bonne de question.

"-Oooh..."

Elle pris le temps de réfléchir à la manière dont elle allait exposer les choses.

"-On va dire que... Je rencontre... Plus que rarement des gens. Et quand il se passe quelque chose d'inhabituel pour moi, je sais pas dormir. Je retourne et re-retourne la situation, même si c'est totalement idiot. Il faut que... Je réfléchisse à ce que j'ai dit, fait, ce que je devrais faire et tout ça... "

Elle soupira et ramena ses genoux sous son menton.

"-Je suis dingue..."

La fée arqua un sourcil.

"-Ce n'est malheureusement pas ce que pensaient mes voisins..."

Arkaële sursauta lorsqu'elle vit les légères flammes non loin d'elle. Ce n'était pas grand chose, mais il y en avait assez pour l'effrayer. Elle le regarda éteindre le "feu" et expira lentement. Oh, il y avait un trou maintenant. Et Amertume semblait très embêté. Il ne semblait visiblement pas enclin à acheter une nouvelle couverture.

"-Si tu avais une pièce de tissu, ce serait réparable..."

S'il avait eu un bout de tissu, si, Arka aurait trouvé le moyen de fabriquer une aiguille, et d'extraire un fil de ce bout de tissu. Vivant voyageuse, et voyageant léger, elle devait trouver toutes sortes de stratagèmes dans ce genre là. Mais bon, s'il n'avait pas de tissu... C'était plus compliqué. Elle se mordit la lèvre inférieure tandis qu'elle tentait de trouver une solution, lorsqu'on frappa à la porte. Qui pouvait bien aller frapper chez les gens à une heure aussi tardive? Ou aussi tôt, cela dépend du point de vue, of course. La fée se recroquevilla dans le coin du lit sous le regard d'Amertume. Il n'avait pas l'air vraiment ravi. Elle garda les yeux rivés sur la porte, dans appréhension, attendant qu'il ouvre.

Arkaële regarda toute la scène, ne pouvant détourner les yeux de cette source de danger potentiel pour elle. Elle serra les dents lorsque la personne, qui semblait être un homme, tenta d'entrer. Elle ne comprenait rien à ce qu'il se passait, mais ce n'était visiblement pas une des meilleures choses possible. Elle retint sa respiration lorsque Amertume se saisit de son fusil. Décidément, elle n'aimait pas les armes, quel qu'elles soient. Elle ne se rendait pas compte que ses yeux s'ouvraient un peu plus à chaque action du jeune homme. La peur? Il se retourna sur elle et s'excusa. Un instant, la fée resta immobile, comme si le danger n'était pas passé. Elle ferma ensuite doucement les yeux, expira. Toujours crispée sur le lit, elle secoua lentement la tête.

"-C'est... rien."

Les questions & les scénarios se bousculaient dans sa tête, comme d'habitude. Mais elle n'osait pas vraiment ouvrir la bouche, elle ne voulait pas encore ennuyer Amertume. Il avait déjà assez l'air comme ça.

Elle soupira, le regardant lorsqu'il vint s'asseoir à côté d'elle. Voilà qui était rassurant. N'ayant pas vu son visage non plus, elle ne savait pas de qui se méfier. Elle eu un petit sourire triste. Les gens pouvaient vraiment être bizarre dans ce monde. Vraiment très bizarre. Elle pencha la tête lorsqu'il lui proposa le chocolat. Rien de tel que ce délice sucré pour se remettre de quelque chose.

"-Merci..."

Elle prit doucement la barre. D'abord, elle sentit sa douce odeur. La fée passa ensuite sa petite langue sur celle-ci. Oh oui, Arka était bien une fan de sucre. Elle mordit un tout petit bout, savourant chaque seconde. Elle n'avait pas souvent l'occasion d'en manger. Elle se détendit un peu et posa son dos contre le mur, dépliant ses jambes devant elle.

(pas grave ^^)

Arkaële se figea un instant, le temps qu'Amertume prenne place. Bon en même temps, il était chez lui.

"-Re-bonne nuit..."

Elle finit ensuite sa barre, toujours avec sa lenteur calculée. Lorsqu'elle l'eut fini, elle se dit un instant qu'elle aurait pu manger l'autre barre, mais cela aurait été pure gourmandise, elle n'en pouvait en réalité plus. Elle soupira d'aise, et sentit quelque chose de bizarre sur ses mains. Elle les regarda. Oh, non, c'était plein de chocolat. Elle tenta de les lécher, mais ça commençait à coller très fort. Elle fronça les sourcils. Il y avait bien un robinet là... Mais... Il ne prendrait pas ça comme une tentative de fouille, hein? Elle se mordilla la lèvre inférieure. Collant et sale. Beurk. Et puis... Elle avait un peu besoin d'eau là. Elle restait rarement plus de quelques heures loin d'une source. Elle prit son courage à deux mains -collantes-, et se leva, marcha doucement vers le robinet. Elle marqua une pause puis tourna pour que l'eau sorte, ce qui mit un certain temps. Elle se rinça les mains, et se délecta du contact de l'eau sur sa peau. Elle se dit soudain qu'elle était restée assez longtemps, et referma le robinet. Elle se redirigea ensuite vers le lit, hésita à s'y installer. Elle haussa les épaules et s'assit tout doucement, s'y coucha de la même manière, ferma les yeux. Elle n'arriverait surement pas à dormir mais... Sa respiration se fit plus régulière, calme. Malgré les événements de la journée, elle avait finalement réussi à s'endormir.

Lorsque Arkaële ouvrit les yeux, elle fut éblouie par la lumière du jour. Déjà? Mais il y a un instant... C'est qu'elle avait bien dormi, finalement. Elle s'assit, regarda autour d'elle. Hum, il n'y avait personne. Le jeune homme devait être sortit. Elle réprima un bâillement, et se frotta les yeux. Eh bien. Elle soupira. La lumière lui annonçait l'heure de recommencer à voyager. La fée se leva, étira tous ses membres, dont ses ailes, qui battirent rapidement derrière son dos. Oui, elle devait partir. Elle avait assez abusé de l'hospitalité du jeune homme. Elle ouvrit la porte timidement, regarda dehors. Ses yeux tombèrent sur le lac, où elle voyait une forme se mouvoir. Ce devait être lui. Il semblait se laver. Elle s'assit à une distance respectable du lac et attendit que Amertume ait finit.

Lorsque Arkaële vit Amertume revenir, elle se demanda si quelque chose clochait. Il souriait, paraissait détendu, content. Elle pencha la tête, et, passée la surprise, lui fit un léger sourire. Bien, s'il était de bonne humeur, ce n'était que mieux.

"-Oui, pas mal du tout!"

Elle suivit son regard, vers le lac. Sa surprise fut encore plus grande lorsqu'il lui dit de rester habiter ici. Lui qui avait tant insisté sur le fait qu'il ne valait mieux pas qu'elle habite ici... Car il était vrai qu'il était meurtrier, quand même. Pourquoi ce changement de décision? Pourquoi cette si bonne humeur, aussi? C'était assez étrange tout de même.

"-C'est vrai que j'aime beaucoup cet endroit... C'est très joli..."

Elle hésita.

"-Je ne... Risque rien?"

Elle avait tenté de dire ça avec désinvolture, histoire de ne pas nuire à la bonne humeur apparente du meurtrier.

Arkaële se releva.

"-Dommage."

Elle haussa les épaules. Oui, c'était vrai, car malgré son métier... Macabre, il n'avait pas l'air d'avoir un si mauvais fond. Et évidemment, Arkaële aimait bien son fond... gentil. Elle observa le lac... Hummm... Si elle habitait plutôt côté sud, ce serait parfait.

"- En plus, si on est voisins..."

Voilà qui allait être plus difficile. FInalement, elle allait peut-être quand même devoir partir?