Ecko inspira un grand bol d'air frais. La caresse du vent s’engouffra dans ses poumons à une vitesse folle. L'air de la montagne. Le plus pur qui soit. Il avait souvent entendu cela, lorsqu'il parlait de ses voyages.
"C'est un autre monde" disait-on.
La curiosité est un vilain défaut, mais l'aveugle ne voyait pas cela du même oeil (ce qui est normal...). De plus, comment un voyage, ou plutôt une simple excursion à flanc de montagne, pourrait lui attirer des ennuis ??
Il avait fait le voyage seul, comme au bon vieux temps de son vagabondage à travers l'île. Des souvenirs lui revinrent en mémoire. Des odeurs, des sons de chaque lieux traversés. Il n'y en avait qu'un, finalement, qu'il n'avait jamais pu explorer... jusqu'à aujourd'hui.
Le garçon reprit sa marche. Le calme et la solitude qui l'entouraient le rendaient nostalgique. Elle était loin, la capitale d'Erya, avec ses rues bondées du matin au soir, ses bruits de foule continus, ses torrents d'activités. Ici, il n'y avait que le tintement des cloches des vaches,le bêlement de quelque mouton égaré et le sifflement furtif et bref des marmottes.
Il aimait cet endroit. Il l'avait aimé bien avant d'être arrivé en haut. L'atmosphère qui s'en échappait n'était pas lourde comme celle d'Elipce, mais plutôt emprunte d'une sérénité sur laquelle il peinait à mettre un nom. Sérénité. Point.
Il remontait depuis le début de son ascension un mince ruisseau que les gens du coin appelaient ruisseau. Le bruit fluant de l'eau à ses côtés le berçaient d'une douce mélodie fraîche et apaisante. De temps en temps, à cause de la chaleur, il s'y accroupissait et s'aspergeait le visage et la nuque.
Il évoluait au milieu d'un vaste espace dans lequel se dispersaient de moins en moins d'arbre au fur et à mesure qu'il grimpait, quelques rochers aux dimensions imposantes, et de temps à autre, un berger, un chien, ou un écureuil.
Quand ses pieds nus réclamèrent une pause, il s'assit à même le sol, contre un arbre, dans l'herbe quelque peu séchée par l'air de la montagne, et écouta les oiseaux chanter. Leurs doux gazouillements le bercèrent à tel point qu'il finit par s'assoupir, heureux d'être là.